certificat de conformité obtenu le lundi 07 juillet 2008


Ce soir la radio reprend de l’antenne.

Créneaux horaires quotidiens quatorze heures - dix-neuf heures dans l’après midi, et la nuit commence à vingt-trois heures. On peut recommencer à rêver ensemble jusqu’à sept heures du matin.

C’est un véritable évènement pour Emmanuel. Il assistera à toutes les messes : Richard (mais ce n’est pas le même que celui du square), ses réponses éclairées à tous les problèmes d’informatique que lui soumettent les auditeurs, Tristan, le psy de la troupe, connaît la symbolique des rêves et vous en donne la clef. Nad, la routière de nuit, qui console les mal-aimés, donne la liste des “adresses où trouver de l’aide”, ne mélange pas les torchons et les serviettes, n’admet pas que l’on puisse adopter une conduite incivique et sera ravie de vous donner un coup de pied au cul pour peu que vous le lui demandiez poliment. Marie, spontanée et toute rieuse, toute légère au cœur même du scabreux, et sa horde de chevaliers servants, ses frères peut être ?. Alabama, ex-auditrice, claironnante, virée vite fait, mais je n’ai pas de détails. Raphaël, discret, classique, comme son nom l’indique. Patrick, reggae all night long. Alexandre, le jeune pilier neuf de la radio. Il épluche les journaux pour la revue de presse, sélectionne les musiques qui sont bonnes pour nous, fait l’information sur les évènements, manifs, festivals et autres happenings, et répond au téléphone, tire le meilleur de l’auditeur en ligne, reste toujours sobre sur son propre parcours, très jaloux de sa vie privée. Il pose les bonnes questions, mène les conversations avec talent, gentillesse et juste ce qu’il faut de netteté.

La radio cherche tranquillement son rythme et tous les anciens se réunissent, le soir, c’est du vrai bon délire comme avant les barricades. Liberté totale, parce que la France entière est scotchée devant M6 pour vivre en très léger différé les aventures de Loana dans un loft de deux cent vingt six mètres carrés avec une piscine gonflable dans le jardin.  

Pour attirer l’attention d’Emmanuel qui ne remarquait plus ma présence, aussi bien que pour soutenir le projet à l’aube de sa renaissance, j’ai fait plein d’interventions sous le prénom de Colette. J’ai raconté ma soirée à la Bastille en liesse, au soir demeuré notoire sous le nom de “victoire de la gauche” (Mitterrand venait d’être élu président de la République française. C’était donc pour cela qu’il y avait tant de monde sur la place...) J’ai demandé à Richard le crack en informatique comment réinstaller une souris sur un vieux P.C. de l’époque victorienne. J’ai appelé le spécialiste en formalités administratives pour qu’il me trouve un plan pour gagner des sous sans que j’aie à aller bosser.

Gérald, qui montait souvent à Saint-Cloud pour oublier que, en Creuse, il faut faire comme les creusois, avait adhéré immédiatement au jeu de l’interactivité de la radio Ici et Maintenant. On a eu le sentiment qu’on était de la famille et qu’on pouvait vendre nos salades à l’antenne. Lui, son fameux texte « y’en aura pour tout le monde », et moi, mes poèmes en triptyques, mes poèmes en pots et en serre, mes poèmes en perspective, mes poèmes en amphore, en bouteille, en flacon, en rail-de-sniff. J’ai eu Marie. Toute la clique des joyeux forts en gueule était là, Didier de Plège, Jean-Paul Bourre, Boris, Fabien, Nad, André Berkhoff, qui parlaient et riaient si haut que, mon poème eut-il été lu à l’envers, personne n’en aurait rien remarqué. Je précisai tout de même, pour m’éclaircir la voix : « Rien de grave, ce poème ; style bon enfant ». Oyez le donc, Mesdames et Messieurs, chers auditeurs.

 

 

 

  “Promenade de santé autour de la place de la Bastille

 

qu’est-ce que t’as dans tes sacoches  ?

un poudrier , du rimmel ?

y’a du monde à la Bastoche

attention à la gamelle

qu’est-ce que t’as, dis, dans ta poche ? 

et dans l’dos, c’est quoi, des ailes  ?

ça m’a l’air plutôt fastoche

de t’aimer, tellement qu’t’es belle...

qu’est-ce que t’as dans la caboche,

belle de mai, fée caramelle ?

T’as un air de p’tit Gavroche

nez au vent, Q bien en selle,

des yeux de cristal de roche

une taille de demoiselle,

t’as peur de quoi ? Que j’m’accroche,

ou de mon coup d’manivelle ?

le bonheur c’est un fantoche

l’amour c’est une mère maquerelle...

viens bébé, goûte ma totoche

tu m’en diras des nouvelles 

 

Tout le monde a aimé mon poème bon enfant. Faut dire qu’il est bien. J’en ai lu d’autres. On s’est quitté bons amis.
 

<cite>photo paperblog.fr</cite>

 

 
 


 
 
 
 

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