certificat de conformité obtenu le jeudi 10 juillet 2008

 Gérard de Nerval c'est bien, Nico c'est mieux

 

Saint Cloud vingt-six juillet deux mille un

Cher JPB,

Mille millions de mille sabords de tonnerre de Brest, on n'en revient pas que vous soyez revenus.

C'est tout ce qu'il y aura comme pommade.

Je te donne cet inédit pour ton antenne. Toi bon narrateur.  Ce n'est pas que je ne veuille pas m'impliquer mais je n'ai pas le téléphone. Cabines téléphoniques entre trois et sept heures du matin, pas confortables. Défilé de voitures de la maison pied-de-poule (elle sont bleutées maintenant, gyrophare orangé) et de banalisées, mais c'est jamais que de la rousse.

Pendant que j'y suis voilà l'idée : Nerval c'est pas mal, mais si j'essaie de brancher mes visiteurs sur Nerval, je fais le bide.Mes visiteurs ont environ quinze ans. Je les ai connus par mes drôles et ma drôlesse (drôle, drôlesse = enfant, en patois saintongeais). Les grandes personnes m'ennuient avec leur discours compassé. Je suis au rez-de-chaussée et ils apparaissent par la fenêtre, ils amènent des pizzas et du soda. Je suis la plus heureuse des personnes et if you stand by me it would lingers on : like the melody.

Bon, voilà l'idée. J'y viens (hum, déjà une digression). Tu vois moi j'étais bien amie avec Nico. Quand on était chez elle rue Beaurepaire près de République, c'était tout petit, elle pouvait pas décoller une quinzaine de gusses transis amoureux et qui la suivaient partout.

Elle ne pouvait même pas aller faire pipi toute seule. On avait un code : elle commençait à faire ses yeux écarquillés comme 'the lady of Shallott' dans Agatha Christie's "the mirror cracked from side to side" et elle disait

"Don't look back, don't look back !

"Alors je me rapprochais d'elle et je disais : And, what if you do ? et elle répondait : "strange things to happen..." (avec son accent allemand).

Je m'arrangeais pour détourner l'attention de sa cour de prétendants quelques instants pour qu'elle aille faire pipi. Le truc bizarre à mon niveau, c'est que comme elle m'avait parlé d'une façon un peu ésotérique les types croyaient que je détenais quelque information capitale et donc toute leur attention était déviée sur moi. Ce n'est pas que j'étais fade au point de ne pas mériter l'attention, mais ce n'étais pas mon job en la circonstance.

Cela ne me donnait pas de sentiment de jalousie que tous ces gens soient amoureux d'elle. Nico était une masse si irréelle, si gigantique, qu'elle pouvait comprendre une infinité de satellites sans qu'ils ne se heurtent les uns aux autres. Vas-t'en savoir.


Un jour de l'année 1977 j'ai débarqué avec ma valise aux archives de Libération (c'était rue de Lorraine à l'époque) et Alain Brillon, le talentueux archiviste barbu (dessins, caricatures, poèmes), m'a prise en compassion et j'en garde un peu pour la prochaine fois mais j'espère que non parce que j'aime pas les prochaines fois, et il y avait Alain Pacadis. Comme j'étais possédée il m'aborde. Tu sais ce que je lui ai dit ? le truc tout con, la phrase musicale :  offrez-moi une cigarette. Et bien sûr comme presque chanté.... Il tire son paquet de clopes et m'en présente une. Je la prends. il me tend la flamme de son briquet. Je saisis sa main et je dis : j'aime la forme de vos mains.

Ca, c’est du Brigitte Fontaine (son disque Brigitte Fontaine est folle, avec une main dont les doigts sont des seringues) c'est pour te dire que les gens se reconnaissent à une ou deux phrases, si jamais ils doivent se reconnaître. Hé ? Tu m'écoutes ?

L'idée c'est que les copains de mon fils s'en fichent de Gérard de Nerval ou de Vincent Van Gogh. Mais ils s'en vont fumer sur la tombe de Jimi Morrison et ceux qui n'ont pas Canal + prennent rendez-vous ici pour voir Cohn-Bendit en noir et blanc, ni rouge ni vert, monter au filet et gueuler camarades nous sommes tous des juifs allemands.

L'idée c'était que tu fasses rapidement mais proprement l'historique des radios libres (pluriel : il faut les impliquer toutes), comment vous êtes nés, comment vous avez tenus, comment la bonne cause est tellement vulnérable, comment vous avez traversé le désert, comment vous êtes là de nouveau. Anecdotes à l'appui. C'est le plan pour faire un chapeau de fric et surligner à l'usage de la nouvelle génération que détermination et ténacité sont les mamelles du futur, sauf que le futur c'est masculin et que masculin n'a pas de mamelles. Masculin a un pénis, une étincelle. Après il faut matrice et nourriture : le sang des menstrues. J'arrête, je ne suis pas en forme ce soir. Tous le monde t'embrasse : Manu Matou Zazie Marie Mômo Mimi Suyin Ma-ho Mado Marcel Bibi et tout le monde qu'il est beau.

Lakma

 <cite>nonrambfromdeb.blogspot.com</cite>

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  www.linternaute.com/.../

 

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 <cite>commons.wikimedia.org</cite>

 

Avec cette lettre j’envoyais « la véritable histoire de Pierre et de Janeth » que j’avais écrite pour Pierre M., un saxophoniste catégorie “trop beau pour moi”. J’aime beaucoup cette nouvelle que j’ai écrite il y a une dizaine d’années, et je voulais l’entendre enluminée par la voix magique qui avait allumé le jour et la nuit dans mes vacances d’été. Parce que l'on était en été. Un été où s’ouvrait à moi des commencements surgissant des quatre horizons...

Comme récompense pour cette nouvelle B m’a donné son numéro de téléphone perso. Ceux et celles qui veulent le téléphone perso de B n’ont qu’à en faire autant.

Découvrons donc ici ensemble cette petite nouvelle naïve dédiée à Pierre M.

 

 

 


 
 
 
 

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