certificat de conformité obtenu le dimanche 06 juillet 2008

 censure - rites champêtres - Saint-Igor

 

 

Radio Ici et Maintenant a eu rapidement son troupeau de brebis galeuses, des cons qui bloquaient la ligne pour le plaisir d’empêcher que chacun ait son moment, sa chance d’être entendu ; pour le plaisir de gâcher le plaisir.

 

Un jour, mauvais jour, il y a eu la rupture de digue. La censure audiovisuelle a frappé d’interdiction d’émettre la radio libre Ici et Maintenant “pour propos racistes et négativistes”.

 

Je relate ces évènements comme si j’avais été étroitement impliquée dans l’activité de la radio “Ici et Maintenant”, ou grièvement lésée par la disparition de cette fréquence sur la bande f.m.

Mais, ce n’est le cas. Je n’ai pas connu les douleurs de l’enfantement d’une radio libre. Je n’ai pas redouté pour elle une asphyxie subite, je n’ai pas entendu ses premiers balbutiements. Je n’ai pas partagé avec l’équipe originelle la fébrile vigilance dont on entoure son bébé, et si je vivais dans le même temps des émotions comparables à celles qu’ont pu éprouver les “Pères Fondateurs”, c’était de mes “petits d’homme”, de mes propres enfants que j’avais souci

 

Avec eux, je cherchais une maison où poser mon piano. Le piano a dormi longtemps avec nous dans notre fourgonnette, un Ford Transit Diesel que je surnommais “bétaillère” parce que les paysans de l’Indre, où nous avions cru trouver un pays, puis leurs collègues de la Charente Maritime, département d’où l’on peut apercevoir l’Océan Atlantique, retenaient épisodiquement notre participation à un rite champêtre saisonnier : faire entrer en une seule fournée le plus grand nombre de leurs moutons dans cette brave camionnette. A l'issue de ces transhumances sédentaires, nous étions parfois gratifiés d’un verre de porto, en remerciements de notre obligeance et de notre bonne humeur, dont les villageois ne croyaient pas capables les gens de la ville

 

Un jour, lassés de ces cérémonies sans faste, nous abandonnâmes piano et bétaillère, et nous partîmes confirmer notre langueur désolée au soleil des Antilles.

 

Il y a des fruits exotiques et la luxuriante végétation tropicale, mais ce n’est pas la vraie jungle : la vraie jungle est à Paris.

 

 


 
 
 
 

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