deuxième voyage à Vierzon
Une fois par mois au moins, Bourre nous fait ressortir notre exemplaire de “Grand Meaulnes”, le livre de Alain-Fournier.
“Prenez vos Grand Meaulnes à la page xxx”, dit-il.
Il a une lampe de poche, une sarbacane et un foulard autour du cou, mais c’est surtout pour pouvoir faire un garrot si l’un de nous se blesse et met à saigner gravement. Il nous fait refaire tout le chemin jusqu’à la fête donnée par Franz de Galais pour ses fiançailles. Il faut trouver un château en ruine, et on se galère dans la boue jusqu’aux genoux parce que nous manquons d’indices fermes. Bourre ne prend pas au sérieux les indications dessinées sur le plan. Il avance, les yeux braqués sur sa bonne étoile, et plus il est perdu, plus il est ravi et persuadé que c’est là que devait le mener son destin. Je commence à connaître la musique, je décide que cette fois-ci nous irons en voiture. C’est
« le deuxième voyage à Vierzon »” ou “comment maquiller un meurtre en accident de la route”
Mon amour schizoïde
s’est cloqué un acide
respire à fond...
Direction Vierzon
il roule pleins phares
« j’chu un putain d’chauffard ,
Grand Saint-Christophe
conduit nous sains et saufs »
il n’a plus de freins
il lâche les mains
du volant. C’est la fête !
Il chante à tue-tête
"Girl, I want to be with you all of the time,
all day, and all of the night
Fight, fight, my babe is all right"
Il rigole
il a la gaule
dit à Annabel
(il conduit à côté d’elle)
« prends ma bite, vite, vite
fais gaffe me coince pas dans le zip
fais moi une pipe ”
annabel s’exécute
c’est pas une pute
mais elle a du talent
jusqu’au bout des dents
surtout qu’elle en pince
pour cet ogre, pour ce prince
qui éjacule en hurlant
« je-suis-vi-vant !!!»
sur la banquette arrière
bourré de somnifères
mon amour indiffère
compte les bergères
mange les moutons
caresse l’horizon
se perd dans Vierzon
ce pont de fer tout bariolé
au dessus de la voie ferrée
j’entortille mes jambes autour des tiennes
pourvu que tu me reviennes
pourvu que tu te souviennes
... Geschichte, von Alten Zeiten,
das kommt mir nicht auf den Sinn...
Saloperie de portière, encore coin...cée !
Elle a cédé :
« y’a le pote Bourre qui a trouvé le moyen
de se déchiqueter le crâne sur le kilomètre 76.
Toi et tes fantaisies, Bourre !
SOIT tu conduis
SOIT tu fais l’explorateur des petites culottes.
PAS LES DEUX, tu comprends ?
Voilà il ne faut pas plus de dix minutes pour réconcilier tout le monde.
Comme on est pile devant un ROUTIERS
tu me fais un mégabisou sur le nez
et on va manger une saucisse frite.
On se croirait un peu à Poitiers
mais comme on est ensemble
on s’en branle de où on est.
<cite>www.photos-de-trains.net/<cite>
« L’amour, faut que ça brûle, sinon c’est pas la peine ».