dans une prochaine vie
Peut être que j’avais réussi à émouvoir ce coureur de filles. Mon message, cependant, avait été interprété à l’inverse de la raison pour laquelle je l’avais écrit : une fois ces situations scabreuses décrites de telle sorte que l’on pouvait imaginer les avoir vécues réellement (la petite chèvre de Monsieur Seguin dévorée par le loup dans la montagne, ce n’est qu’une histoire mais tout le monde a l’impression que c’est vraiment arrivé), il devait logiquement jeter la peau et passer à une autre admiratrice. Et moi j’en étais quitte pour quelques plaies qui cicatriseraient vite. Ou moins vite, mais j’avais du temps pour travailler à la guérison.
Ça me semblait voué à l’enfer de faire l’amour corps contre corps avec cet homme pour qui j’étais prête à tout subir jusqu’à l’asservissement, jusqu’à l’adoration, jusqu’au seuil de cette douleur si vive qu’elle fait glisser dans un évanouissement irréversible, ou sanctifie et scelle un amour éternel. Dans une prochaine vie je serai peut être la petite chèvre.