certificat de conformité obtenu le samedi 12 juillet 2008

"L'amour, faut que ça brûle, sinon c’est pas la peine"

 

C’est Bourre qui nous annonce ça, un soir, à la radio.

Comment, pourquoi ai-je fait la sottise de m’allumer l’incendie sur ses divagations ? Je brûle de toutes ces sensations incandescentes, invraisemblables, insupportables, obligatoires. Il aura suffit qu’il passe une chanson “dédiée à Annabel” et je suis dévorée de jalousie. Je ne suis plus la plus belle en ce pays.

Qu’à cela ne tienne, j’écris une lettre conjuratrice : Miroir, mon beau miroir,laquelle est la plus … … belle en ce pays ? Mon amour traumatique, (de l’allemand traümen : rêver), non je n’ai pas honte de me laisser faire l’amour dans mon sommeil. Tout le monde s’y met. Chacun à sa place. L’une avec ses bigoudis pour être bouclée le lendemain, une autre avec sa crème de nuit pour avoir longtemps une peau de bébé, une autre, encore fraîche et déjà bien blessée, serre contre elle son nounours en peluche en te nommant son amour inaccessible, son amour éphémère, son amour noctambule, son amour de rechange, son amour de secours, son amour qui ne brûle que si l’on écoute, et on écoute, et ça brûle bien : baisées dans tout les sens sans avoir à se mettre à quatre pattes, ration hebdomadaire, très subtilement dosée. Et toi ta place tu la tiens bien, même pas surpris de durer aussi longtemps : il y aura toujours des Virginie pour décrire des situations où l’érotisme le dispute à la pornographie, où le cynisme le dispute à la morbidité... C’est tant mieux. Si seulement moi je savais faire ça ! Je gagnerais des sous et je serais quelqu’un, (quelqu’une pour faire féministe)... Mais je manque de cette forme d’imagination. Son bouquin je ne le lirai pas sans toi à mon côté. On fera tout exactement comme c’est marqué dans le livre, et je passerai ma langue sur mes lèvres comme une jeune première de X-movie, parce qu’on est toutes des jeunes premières de X-movie à chaque fois que l’on se fait cogner proprement, et donc on a le droit de se lécher les lèvres à ce moment, si quelque acolyte, d’un sain et prévenant réflexe inspiré, ne vienne les faire s’ouvrir pour y introduire son membre encore mol et hésitant. Ca c’est vraiment un trop pur trip de prendre dans sa bouche un sexe encore fripé et fragile, et le sentir se gonfler contre sa langue. Et à fortiori si déjà les deux « bas » orifices sont en phase d’être comblés.

Bon, je n’en dis pas plus, on en parlera plutôt à ce moment là. A mon avis c’est bien que le cul se démocratise. Les meufs de ma génération (tu peux pas comprendre) sont toutes un peu québlo ou trop exhibitio. Surtout celles qui comme moi sont nées en plein Paris (t’as vu ça un peu comment j’ai réussi à le caser que je suis née à Paris). Je veux dire à la campagne ils font ça tout le temps, et avec les chèvres et les canards m’a-t-on dit. Faut voir : les gens sont si malveillants avec leurs pairs. Ça me rappelle une histoire :

ça se passe à la campagne dans une ferme. Il y a un représentant en ce que tu veux qui entre dans la cuisine (c’est une ferme de plain pied et la porte, en été, est ouverte. Les poules se baladent en liberté et picorent les miettes, tu m’étonnes qu’il ait été reçu mollement avec son aspirateur de merde...)

bon, l’histoire : petite fermière : Bonjour monsieur,le représentant : Bonjour, Petite. Elle est là ta maman ?petite fermière : Non, elle est pas là. Elle a été mener la vache au taureau.le représentant : Ah ! Et ton Papa, il est là ?petite fermière :Non. Papa il a été mener la chèvre au bouc.le représentant :Ah ! Mais alors, tu es toute seule ici ? (intensité dramatique, on croit qu’il va abuser de la fillette).  Il n’y a pas une tante, un oncle, un frère ?petite fermière : Si, mais ils ont tous été conduire la grand-mère au Mammouth.

Je crois que Mammouth n’existe plus et de toutes façons on dit des noms de marques à l’antenne et on les emmerde parce qu’on est une Radio Libre.

Bourre (sauf vot’respect) j’aimerai passer la vitesse avec toi et te dire que par exemple tout à l’heure 18 heures 05 j’allais au supermarket avec mon chien et mon sac à dos (je fais ça tous les jours : j’suis snob) et en passant devant la cabine téléphone j’ai dit tout fort : Bourre t’es moche, Bourre t’es pas beau, je veux pas être amoureuse de toi, j’y crois pas, surtout pas toi, etcaetera, et j’ai même pleuré avec des vraies larmes, whoo-hey ! Mais je suis trop territoriale et toi il te faut une fille carrément médiatique, sinon c’était pas la peine de te donner tout ce mal. J’ai dit !

 

A la fin de cette lettre j’ai collé un papier où j’avais écrit en caractères énormes : mais putain lakma, qu'est-ce que t'es territoriale !!! 

 

Annabel, Claudia, Lisa, Benjamine... Pourquoi ces prénoms me sont-ils des ennemis si c’est sa voix qui les appellent ? Je refuse cette partie de cache-cache. J’essaie de me désimpliquer, de m’extraire de cette ébauche de rêve. Virginie. Elle a écrit ce bouquin « Baises-moi ». Toute seule elle en a fait un film, qui a fait grand bruit au journal télévisé et dans le monde du cinéma aussi. Jean-Paul Bourre lit à l’antenne des fragments de son livre. Il semble empli d’admiration et de tendresse pour cette fille qui a eu assez d’estomac pour aller au bout d’un projet singulier et assumer crânement le scandale qu’il a déclenché. Il l’invite pour un passage à l’antenne. J’espère qu’elle va le noter sévère : j’ai peur qu’il ne se mette à rêver sur Virginie Despentes, qui a su le séduire avec ses mots.

Je commence à me soupçonner d’avoir une mauvaise mentalité : je ne veux pas partager Bourre avec une autre fille. Je m’interroge, je m’introspecte longuement sur ce point. Jean-Paul Bourre n’est pas à moi. Personne n’est à personne. Il faut aimer les gens comme ils sont, et surtout ne rien en attendre. Beaucoup de nos misères affectives découlent de cette impossibilité de concevoir une forme de relation avec autrui qui ne soit pas basée sur l’exclusivité. Elle nous est chère, à nous, spécimens de la race humaine, cette jalousie qui nous inspire mesquinerie, colère, chantage, vengeance, meurtre... Je me raisonne, je sais que cet homme n’a nul besoin de se flanquer d’une compagne baguée comme un pigeon qui accomplirait chez lui les tâches domestiques d’usage en échange de savoir ce qu’il va faire, où il doit aller, qui il va voir, pour qui il fait apparaître des bouquets de roses avec son bâton magique, pourquoi soudain il se traîne une putain de nostalgie qui l’empêche de vivre.

Lui, il veut rencontrer des Camarades, les décortiquer, parler avec eux, les approcher, les quitter aussi, les quitter pour juger de quoi il est plus riche à présent, et de quelle illusion il ne porte plus la bannière ; refaire le monde, parfaire son monde.

C’est parce qu’il ne s’est jamais lassé de s’enquérir de l’expérience de l’autre qu’il crée cette dépendance à lui. Il a l’indulgence des types qui ont fait plein de conneries, en même temps que la passion de ceux qui veulent continuer à en faire, pour ne pas être « vomi comme un tiède » :

 

[ A l’Ange de l’Eglise de Laodicée, écris : Ainsi parle l’Amen, le Témoin fidèle et vrai, le Principe de la création de Dieu. Je connais ta conduite, tu n’es ni froid ni chaud. Que n’es-tu l’un ou l’autre ! Ainsi, puisque te voilà tiède, je te vomirai de ma bouche. ]

 

C’est dans l’Apocalypse (3 ; 14) que l’on trouve cette phrase. La Bible foisonne de paroles et de prédictions redoutables... Mais, aussi longtemps que Bourre me regarde je n’ai peur de rien. Bourre diffuse de la rédemption, c’est colossalement dangereux parce qu’il fonctionne moins par la crainte de Dieu que par la sincérité de l’instant présent. Je me réfugie pourtant, “à mon corps défendant” comme disent les magistrats et les amateurs de locutions, dans le sillage qu’il trace, où je me sens sécurisée comme un foetus dans le sein maternel. 

 

Je me forçais à ouvrir mon coeur tout grand, pour que tu puisses entrer et sortir à l’envi. J’écartelai mon esprit étriqué en me figurant un espace cosmique où nous serions des satellites ou des planètes les uns pour les autres. Dans un premier temps, et par souci de consolider mon équilibre, complètement factice mais psychologiquement nécessaire pour une première hypothèse de figure, je choisissais d’être centre de gravité. Voici mon oeuvre.

 

(note de l'auteur : le dessin a disparu et je ne l'ai jamais retrouvé. Il s'agissait d'un cercle elliptique avec un cheval et un éléphant qui tournaient à l'intérieur comme un hamster dans sa roulette. Je l'avais fait avec WordArt. J'aime bien les aventures informatiques, ces longs instants que l'on passe absorbé à tripoter des boutons et ce moment plus long encore où l'on est émerveillé d'avoir su produire un dessin. C'est un peu le pays des Sortilèges, apparitions, disparitions, volumes qui enflent ou rétrécissent, ondes sonores venues d'on ne sait où)

 

 

<cite>telegraph.co.uk</cite>

 

 
 


 

1. cybel  le 15-11-2008 à 02:47:26  (arc-en-ciel radio)

vvvvvooooffff

   They're gone
 
 
 
 
 

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