certificat de conformité obtenu le samedi 12 juillet 2008

 

Je dédie ce mois d'Octobre à mon Ange Gardien.

Un ange gardien c’est une sorte d’ami invisible avec des ailes dans le dos, et qui vous accompagne partout.

Où que vous alliez il est là avec vous et vous protège ;

il ne donne aucun conseil de conduite, mais il vous retient tendrement au moment où vous alliez faire une connerie.

c’est précieux, surtout pour les gens comme moi qui ont tendance à se livrer systématiquement à l’autodestruction. Non par masochisme, mais par lassitude d’exister si vainement. Ma vie ne ressemble pas à grand-chose. Pas d’intrigue, pas de suspense, budget “décors et éclairages” plutôt serré, à vous donner envie de vous endormir au fond de la salle, ou de partir avant la fin...

Depuis le début, depuis ma naissance, mon bon Ange Gardien reste à mon côté, malgré la platitude de ce parcours. Je lui dédie ce mois d’octobre parce qu’il a su m’inspirer de tirer le meilleur de ce que m’offrait ma vie ordinaire tout au long de cette attente forcée.

Car nous attendions, Andréane et moi, le verdict déterminant du juge aux affaires familiales, et sur nous planait la menace d’une nouvelle séparation, sans appel cette fois-ci.

 

sorte par David ALTMEDJ


 Elle, s’était calée devant la télé et regardait des histoires de sorcières qui font tourner toutes les situations en leur faveur sur simple incantation magique assortie d’un mouvement ample du bras. A l’heure de plus rien elle lançait son chocobo à la quête de pierres stellaires et de gils sur Final Fantasy IX.

Moi, je m’étais calée dans mon histoire d’amour. Ce que J-P B peut appeler des “expériences virtuelles”, parce que c’est son métier de les provoquer et de les faire vivre à ses fidèles, je le nommais histoire d’amour par humilité, pour ne pas trop prendre au sérieux la série de sensations qui bouleversaient ma vie, et aussi parce que des personnages terribles surgissaient parfois dans mes rêveries : des Charles Manson, des Raël, des gourous de sectes. Alarme ! Bourre est, inconsciemment ou non, un manipulateur et ce n’était pas le moment venu pour moi de gâcher ma vie.

Je voulais rester assez lucide et assez neutre d’émotions pour ne pas couler mon bateau.

Je dormais et je veillais dans l’obscurité des nuits avec pour fond sonore la station de radio r.f.i. (radio france international) par laquelle je restais, heure par heure, en étroite sympathie avec le reste du monde. L’Afrique est rongée par le sida, la famine, les dictatures. Georges W. Bush, pas content parce qu’on lui a pris ses deux tours, décide de bombarder l’Afghanistan jusqu’à reddition des intégristes talibans qui sèment la terreur dans tout le pays à grands coups d’exécutions publiques, de séances de lapidation jusqu’à ce que mort s’ensuive, et coupent à la machette les mains qui dépassent de la bourkha, grand suaire intégral avec juste un étroit petit grillage au niveau des yeux, qu’ils obligent les femmes à porter.

Nul n’ignorait l’oppression monstrueuse que subissait le peuple afghan depuis plusieurs années. Ce que ni colloques entre chefs d’état, ni harcèlements assidus d’organisations charismatiques n’auraient pu obtenir par la négociation, la guerre en a eu raison en quelques semaines. Les américains, faut pas toucher à leurs tours de verre sinon ils se fâchent grave.

Tout objet usuel, brosse à cheveux, tasse à café, allumettes... et tout acte quotidien m’apparaissaient infiniment estimables et précieux : vivre sans redouter que l’on me coupe une main ou un pied, rire librement, trouver de tout dans les magasins, marcher sans craindre qu’une bombe ne tombe du ciel...

Avec mon chien je partais chaque jour pour des balades de deux ou trois heures dans le parc de Saint-Cloud, émerveillée des arbres, des feuilles, de mon simple bonheur de marcher, d’être valide, et d’être amoureuse jusqu’à l’idôlatrie d’un homme que je pouvais idéaliser à ma fantaisie, n’ayant pas à le rencontrer, à l’aider à supporter le poids de son mal-être, à laver ses chaussettes, à lui faire à dîner. J’avais déifié JP B au point que Jésus (mon copain qui est aussi un copain de mon Ange Gardien, d’ailleurs) ne venait plus jamais s’asseoir sur mon lit pour me prendre le menton dans sa main et me dire « alors, qu’est-ce que tu as encore fait comme bêtise ?»

Mon lit... mon espace-refuge d’où j’entendais, cachée sous quatre couches d’édredon, que le monde était sur le point d’exploser de haine et d’absurdité, et la parenthèse du mercredi, vingt-trois heures précises, le moment enchanté où Bourre me disait qu’il était là, jusqu’au matin, qu’il allait nous raconter des histoires et nous donner de la bombe de rock and roll, whoo-hey ! Parfois, dans une langue spéciale de son pays qui n’existe plus, il déclamait des poèmes et faisait parler des gens à peine descendus en terre, Philippe Léotard surtout, une sorte de déglingué à fond, et pour qui Bourre a un spécial respect en tant que tel.

Maintenant, je savais reconnaître le magicien, l’illusionniste qui prend l’antenne en direct et enchevêtre des diffusions d’anciennes émissions, puis reprend le mode “live”, et recommence son retour en arrière, de sorte que l’on a dans les oreilles et dans la tête, en mode sonore, le paysage qu’offre aux yeux, mode visuel, le reflet infini d’un corps placé au centre de deux miroirs posés presque face à face...

Maintenant, je voulais rencontrer “l’homme de Lettres”...

Emmanuel me prêta “Voyage au centre de la Vie”. C’est l’histoire d’un intellectuel qui vit dans un monde en perpétuelle expansion. Un peu comme chez nous, quoi ! Approche terrifiante et décourageante ;  à priori rétive à l’idée de forcer “les énigmes de l’univers”, je me suis sentie futile et ignare, frileuse.

Je ne comprends même pas pourquoi j’ai eu peur de tomber dans le vide. Si j’avoue que j’ai le vertige, alors seulement je peux commencer à essayer de le vaincre. Mais j’ai toujours quelque chose de plus urgent à accomplir que de vaincre mon vertige : recoller la poignée du tiroir de la commode, éponger l’inondation dans la salle de bain, tailler les rosiers, recoudre un bouton. Je suis d’un tel matérialisme… c’est démoralisant pour les utopistes, les inspirés, les visionnaires...  

 

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