certificat de conformité obtenu le dimanche 13 juillet 2008

cash 22 un archiviste barbu, un vrai !

 

Saint Cloud le 11 février 2003

Pour Monsieur Alain Brillon, Quotidien Libération,  Paris

Salut cher Alain, comment vas-tu ? comment va ta vie, avec ton épouse et tes enfants ?

La dernière fois que nous avons eu contact c’était par Marie-Christine interposée : je n’ai pas de téléphone et mes voisines acceptent de faire le relai entre le monde et moi si je sais exposer clairement mes raisons.

Je faisais une grève de la faim pour que ma fille puisse entrer au collège Emile Verhaeren (Saint-Cloud) car la décision de justice me reconnaissant sa “garde” (c’est le bizarre terme juridique pour décrire que l’on s’occupe de son enfant) ne devait être rendue que trois mois après la rentrée des classes, et je voulais lui éviter de perdre un trimestre (c’est dur à rattraper un premier trimestre).

Et puis il y a eu ce 11 septembre sur les Twin Towers et je pouvais aller me rhabiller avec ma grève revendicatrice, et ma fille pouvait continuer à jouer tranquillement à la Play Station en attendant l’après Halloween. That’s how life goes. Ni mes prières ni mes jours de jeûne supplémentaires n’auraient rendu à leurs familles les gens ayant trouvé la mort dans l’attentat ; et la décision de justice prononcée à la fin du mois d’octobre nous a donné finalement le droit de rester ensemble.J’avais décidé au début de l’année 2002 de trouver cinq cent mille francs (quatre vingt mille euros) pour racheter à ma petite soeur sa part d’appartement, que j’occupe depuis le 23 mars 1988 et dont nous avions hérité en indivision. J’ai donc écrit un petit livre, court pour ne pas dissuader d’éventuels lecteurs, drôle, émouvant, romantique et hot sex pour m’aligner sur les critères actuels de commerciabilisation. Je n’ai pas bien su m’y prendre pour faire éditer le livre, il ne l’est toujours pas. Dimanche matin je suis passée devant une télé allumée et quelques écrivains racontaient leur premier livre. Daniel Pennac a erré avec son premier bébé, jusqu’à ce qu’il trouve quelqu’un qui a un nom dans le milieu pour en écrire la préface. Ainsi bardé d’une préface/caution, le livre a pu trouver un éditeur et voilà la vie qui roule.

Je t’envoie mon livre en cadeau, pour perpétuer l’amitié invisible que je te porte, et aussi pour avoir ton avis sur ma façon d’écrire (un avis d’ami, donc sans complaisance). Je pense que si tu es attendri et non pas choqué c’est que j’ai réussi un bon poème.Et surtout, trouves s’il te plaît un type ou une gonzesse célèbre en littérature qui veuille bien écrire une préface, puisque cela semble être la condition sine qua non à la publication d’un ouvrage proposé par une obscure foldingo.

J’ai calculé que pour avoir quatre vingt mille euros il faut que je vende 100.000 exemplaires (en tenant compte : 1. que l’auteur reçoit 10% sur son travail et 2. qu’il faut restituer 50% à l’état (impôts).

Trouver de la maille c’est carrément un job à plein temps …Je sais que tu trouveras quelques quatre-vingt dix minutes pour lire mon essai, et une autre dizaine de minutes pour me répondre des compliments et des critiques.

Je viendrai jusqu’à toi si tu as envie de me voir. A ton heure de déjeuner par exemple ? Je suis toujours la même personne nunuche et dans la lune, une beatnik en adidas et Mitsouko de Guerlain.Ah oui : le deuxième petit manuscrit, “la face cachée de l’arc en ciel” est l’ébauche d’un second livre, car les éditeurs paraît il aiment savoir que leurs artistes ont en permanence un autre livre en préparation.Je t’embrasse, te souhaitant bonne réception de ce courrier... 

 

 

 

 


 
 
 
 

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