Pour Emmanuelle Béart,
Saint Cloud,
Bonjour très chère Dame,
J’ai écrit ce petit livre vit’fait, dans l’urgence de trouver un palier d’apaisement à une histoire d’amour qui tombait vraiment pas à point, car j’étais déjà dans les embrouilles.
Je l’ai dispatché un peu partout sur le conseil de mes proches et alliés, qui l’ont trouvé de “waahhoo” à “génial”, et quelques maisons d’édition m’encouragent au remaniement de ce texte, jugé trop “éclaté” (???).
Mais, un tel entraînement (lire manuscript) ne saurait s’éteindre en quelques mois, et je ne me sens pas déjà en mesure de faire un travail de refonte sur cette histoire.
Cela équivaudrait à passer mes nuits à déterrer un cadavre pour vérifier qu’il est bien mort, et m’exposer à découvrir qu’il ne l’est pas.Pensez-vous que cette nouvelle puisse devenir un film, et dans ce cas aimeriez-vous jouer le rôle de cette amoureuse ?
L’histoire d’amour serait destinée à donner au film sa magie et son relief, et l’accent tonique porterait sur le très actuel sujet de la communication (nos maladresses désespérées, inlassables, pour tâcher de communiquer avec autrui) et plus précisément sur l’explosion et l’évolution du phénomène “radios-libres”, né au début des années 1980, et sur lequel je n’ai aucune information, mais ce doit être facile de trouver des pistes pour qui n’a pas, comme moi, les deux pieds dans le même sabot (je suis un peu vieillie, je m’exprime difficilement, je ne sais pas utiliser un téléphone, et d’autres obstacles (timidité).
Et, je suis un peu moche, comme le lieutenant Colombo de la série télé (que l’on envoie toujours se faire pendre ailleurs et qui trouve tout de même la solution).
Or, si l’on veut obtenir des renseignements, il est nécessaire d’avoir une bonne présentation. Ou alors, être journaliste... mais alors ça, c’est de la haute-voltige : pas pour moi.
Je ne sais à qui m’adresser, n’ayant ni contact ni expérience dans l’art du film making (écrire scénario, dessiner story-board, etc...) mais je suis prête à m’investir totalement dans ce projet si vous le trouvez plausible, et surtout si vous l’aimez personnellement, car vous seule pouvez donner réelle dimension au personnage (pardonnez simplement ma façon si concise, à la limite de la brutalité, de vous révéler l’émotion et la fascination que votre personnalité et votre travail d’actrice ont exercé sur moi).
J’ai déjà procédé à l’enregistrement (protection) du texte à la société des auteurs (je pense que c’est ce que vous m’auriez dit de faire avant toute autre intervention).
Dans l’impatience de connaître vos suggestions, conclusions, ou tout ce qui pourrait donner carrière à ce matériau je vous demande de bien vouloir me les faire connaître à l’adresse qui figure en tête de cette lettre (car, je n’ai pas de téléphone ! et il faut m’écrire pour me joindre... Je suis désolée de cet inconvénient).
Avec mes remerciements,