certificat de conformité obtenu le dimanche 13 juillet 2008

Cash 11 retour de Sainte-Marie et une planche de Gottlib

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Je suis revenue de Sainte-Marie à la fin du mois d’octobre. Je voulais ne plus jamais entendre Bourre, avoir assez de volonté pour oublier qu’on était mercredi, le cas échéant, et ne pas passer ma nuit à essayer de deviner s’il parlait en direct ou si c’était une rediffusion en boucle qui nous était servie. J’ai rompu ma résistance dès la deuxième semaine. Il était au téléphone avec un copain. Les deux compères énuméraient des noms de victuailles spécialités auvergnates. J’ai repris l’émission de Serge sur une autre radio. Je ne parvenais pas à secouer ma tristesse : être rentrée à Paris, être à nouveau séparée de ma fille, sans savoir quand je pourrais retourner en Martinique. Sentir que l’hiver allait s’installer, avoir à résoudre tous les problèmes imprévus au sujet de la vente de l’appartement ... Je repris mon exercice salvateur, je continuai ma lettre éternelle, je retournai à mon monologue. Je n’avais pas encore épuisé tout l’amour qu’il m’avait envoyé. Automne 2002Alors comme ça la vie continue, tranquille, tu papotes avec les potes sur l’antenne de la radio pilote, et c’était comme si rien de destructif ou destructuratif ne s’était passé, et en réalité rien ne s’est passé. On continue tous les deux, tous les plusieurs, notre existence de mendiants. Ce soir j’ai raccompagné ma Erna chez elle (tu sais mon amie hongroise) elle m’éclate : un “espace coloristique” pour une “galerie de peinture”, “nous avons amicalisé” pour “nous avons fait connaissance”.. etc.  elle est partie à Madrid pour rencontrer son amour virtuel, venu de Chicago pour donner un concert (c’est un artiste musicien poète). C’est vrai que sur l’internet il y a toutes sortes de rencontre possibles. J’ai crié : “Il ne fallait pas l’inviter au restaurant ! Il fallait aller visiter une église ou aller ensemble sur une station service et demander aux gens : je peux avoir la dernière goutte d’essence pour remplir mon Zippo ? ?Puedo haber la ultima gotita de fuel para mi Zippo lighter ? Je ne sais pas moi, on improvise si on ne parle pas la langue !!! Comment peut-on à ce point manquer de fantaisie ?Toi tu avais dit : l’amour, faut que ça brûle, sinon c’est pas la peine. J’avais l’amour qui brûlait à fondre les glaciers et je t’avais donc appelé au xx.xx.xx.xx : “viens au 35 rue du Mont Valérien Saint-Cloud, passe par la fenêtre car l’interphone est cassé. C’est le jardin où il y a le hamac et le sapin de Noël. Il y aura une bougie allumée”. Pour que tu ne t’effarouches j’avais précisé que j’avais mes règles et que j’avais aussi la chiasse : pas du tout en état de t’agresser sexuellement. On t’attendait, le chien, les chats, les enfants, on voulait parler avec toi, te demander si tu avais un embryon de plan pour continuer à faire tourner la maison. Tu n’es pas venu. Je t’ai invité à sauter dans les flaques de pluie sur la place de la Bastille. Refus encore, dédain. Je t’ai demandé de me baiser dans une cabine téléphonique sur la place de la Mairie à Brunoy ... ça aurait pu être chouette, mais non. Silence radio. Je t’ai invité à venir foutre la merde dans le ciné-débat du centre culturel de Saint-Cloud sur le thème James Dean la fureur de vivre ou je sais plus quel avec Natalie Wood. Bernique. Je ne devine pas ce qui pourrait t’amuser. Marc-Louys te nomme “le Crocodile”, mais pas Dundee. Le crocodile qui fait semblant d’être un tronc mort sur le bord de la rivière, et qui happe la gazelle qui vient se désaltérer, pour se lui déchirer les entrailles et s’en repaître en loussedé.Maintenant tu voudrais nous faire croire que vu ton grand âge tu es rangé des fillettes et qu’on peut venir vers toi à la conviviale pour parler du bon vieux temps qu’on était des pionniers de la révolution sexuelle, woooouu-hey, et au-cul, au-cul, aucune hésitation (sur l’air des lampions). Moi je dis que tu restes dangereux jusqu’à ton dernier souffle. Tu viens de t’envoyer vaillament une bonne demi-douzaine de jeunesses, et d’accoucher d’un voyage en Afrique, et de nous ramener un bout de corde d’Illustre Pendu et une biographie même pas imaginaire, alors tu subis un petit contrecoup, petite dépression passagère, c’est que dalle, tiens bon, baba, la sérénité n’est peut-être pas loin, et la sérénité ça vaut bien tout l’or du monde.Sinon, je te dis le moyen de reconnaître un extra-terrestre qui se serait déguisé en normal :* Tu le mets en présence d’un flic.* Tu lui demandes de serrer la main du flic.* S’il accepte, c’est bien un extra-terrestre, car :“il n’y a qu’un extra-terrestre pour accepter de serrer la main d’un flic”.Ce n’est pas de moi c’est de Gottlieb, Marcel, le papa de Gai-Luron et de Belle-Lurette, et un bon copain à Newton avant et après qu’il ait reçu une pomme sur la tête.Je voudrais revenir à ce jour où tu devais arriver par la fenêtre, j’avais mis des rubans jaunes autour de tous les arbres pour que tu saches combien j’avais besoin de toi. “Tie a yellow ribbon around the ash tree”. Comment en est-on venu à ce gâchis ? Ah, voilà j’y suis. C’est ça qui t’amuses : le gâchis... bonne continuation de gâchis alors. 6 Et puis cette autre ... j’avais repris espoir, mes garçons étaient gentils avec moi et on rigolait bien. Waaahhoooouiiii (pour reproduire cette onomatopée dire OUI en baîllant “à se décrocher la mâchoire”) on est lundi soir, c’est Lakma de Kermal., Laurence de l’Arabie (car je suis comme Boris Vian foultrement snob, n’oublies jamais ça, et n’oublies jamais ma particule de snob) ... avec toi jusqu’à ... on verra bien ?J’ai fait un poème pour Adrien M. mon nouveau béguin. Il faut le voir pour le croire. Seize ans, traîne dans les parages parce que chez moi on n’est pas chez mémé. Je voudrais que tu lises le poème par dessus son épaule. Si tu n’es pas là pour souffler dessus rien ne se fait. Je blague pas, Camarade Bourroffski, camarade moteur de mon essai de communication avec les autres (et c’est bien parce que c’est toi, parce que, « La Vérité », ça me rase un max). Je dirais même plus : sans toi il n’y a plus grand monde pour me rappeler d’où je viens : avant j’étais un bébé éléphant, s’il te plaît fais des recherches car je veux connaître tous les détails de ma métamorphose. Moi j’étais amnésique à l’hôpital C.H.U. de Lyon en 1973. Mon père est venu me chercher en voiture décapotable avec Arturo de Belzunce. Mon père disait : « C’est beau, la France... D’une grande douceur, et cependant d’une infinie variété ». Il me disait aussi « Fais-moi une pipe... » Mais c’était pour que je remplisse sa bouffarde avec du Capstan. Rien de sexuel... Tu vois je me rappelle des détails. Mais en vrac j’ai des trous. Essaies de savoir. Ramènes des photos. J’étais au lycée à Enghien les Bains, il doit bien y avoir des photos de classe bordel de merde. Je t’en prie essaies. J’ai tourné un spot pour un jeu télévisé pour l’O.R.T.F. artiste de complément le bulletin de paie est daté 17/05/1972.  Mon numéro de sécu est --------. Il y a aussi une série pour le magazine Mademoiselle Age Tendre, je suis allée avec Carole (my feue sister) et André Berg, photographe, à Loconville chez Sylvie Vartan. J’avais treize ans, je suis née en 1953, donc ça fait genre 1966. Son bébé, David, était dans son berceau dans le parc, il avait quelques semaines, il est né en juin ou en août. Merci si tu peux ramener quelque chose.Sinon jusqu’à ma première tentative de suicide j’étais plutôt graffinée. A l’hôpital psy ils ne vous laissent sortir que si on a pris une dizaine de kilos. La dizaine de kilos ne tenait pas l’extérieur. C’était des kilos de médicaments, de la flotte. Au bout de quelques jours je recommençais à me reconnaître (lorsque je me rencontrais dans un miroir ou autre). Mais, j’étais toujours aussi moche (aussi belle !...)En revanche en ce moment j’ai du mal à endiguer le marasme. J’ai pris six kilos. Cinquante-six kilos à poil, damned ! Je compte sur ta légendaire discrétion et ta non moins légendaire galanterie pour ne pas diffuser ce scoop sur ton antenne de radio, merci. En tout état de cause, en tout état de cause, en tout état de cause, qu’est-ce que diantre cela peut-il bien vouloir dire en tout état de cause, mais je persiste, ça me fait trop planer “en tout état de cause”, donc en tout état de cause c’est hors de question que je reste comme ça, ménaupose ou pas. Faudrait que j’aille au cul. T’as pas un plan ? Un plan cul pour une cinquantenaire ex-baba cool recyclée dans la traite des vaches. Tu peux me trouver ça par ta radio ? Attention j’ai mes papiers I.V.H. négatif, oh là mais c’est qu’on rigole pas avec ça icicaille...Bon, sérieux : Adrien. Il est revenu ce soir et j’ai pu lui donner le poème à lui en personne. Je suis méfiante depuis l’histoire avec Clément. Je lui avais envoyé des poèmes et sa mère les avait lus ... Quelle embrouille. Je lui avais écrit (à la maman) un poème rien que pour elle : je t’envoies tout ça pour que tu m’oublies pas. Pour un Adrien de seize ans, tout être au delà de vingt ans ne peut être qu’un hologramme, et fort de cete conviction il pourrait le faire sans s’embarrasser de détails. Mais c’est toi que je préfère. Salut. Pour le plan cul laisse tomber finalement je m’en débrouillerai à mesure ... (si Dieu veut, comme on dit aux Antilles). 

 

 

 


 
 
 
 

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