certificat de conformité obtenu le dimanche 13 juillet 2008

Cash 06 ardisson n'y coupera pas

 

 

 

 J’envoyai un arc-en-ciel radio à un animateur télé qui connaît tout le monde sur la terre, vivant ou mort :Pour monsieur Thierry Ardisson,  émission tout le monde en parle chaîne de télé : F2       Saint Cloud le 25 mars 2002Cher Monsieur Thierry Ardisson,Au mois de mai 2001 j’ai été happée, aspirée, envoûtée par la voix d’un animateur-radio qui sévit sur une antenne libre.J’ai écrit des pures lettres d’amour pour cet homme.Ce petit livre, recueil de ces lettres, poèmes, quelques histoires drôles et 1 schéma explicatif, est si joli et tellement bien réussi que je vous demande de le lire et de trouver un éditeur de romans pour le faire éditer.Avec la maille que ça me fera je pars en vacances avec mon chien, mes chats, mes enfants, et j’oublie que j’existe.Je précise que je ne me permettrais pas de vous faire gaspiller temps et énergie pour un truc qui n’en vaudrait pas la peine. Mon bouquin c’est de la bombe.Votre émission est pure liesse, merci  beaucoup.Aidez-moi à faire éditer le livre pour qu’on n’en parle plus et que je commence le travail de deuil de cette histoire louche, je mérite mieux qu’un vieux Tarzan qui enfonce ses doigts dans le cul des filles et ne veut même pas les baiser pour du sérieux après ça. C’est marqué dans son livre qu’il fait ça comme, alors là je dis : “merci bien, très peu pour moi...” Respect initial, Lakma de Kermal J’ai aussi fait un exemplaire pour Guido, qui s’appelle Guy, mais je ne l’ai su qu’après lui avoir dédicacé “Pour Guido, Golden War Paintings around your eyes” car des marques indélébiles sur les paupières supérieures et inférieures pour cause de tabagisme ont l’air de peintures de guerre en or, c’est drôlement joli sur Guido qui est déjà si  beau à voir.La plus mauvaise idée que j’ai eu est d’en délivrer un exemplaire à Cathy, toute gracieuse jeune patronne dans son troquet restaurant créole sur le boulevard de Magenta. J’ai eu tort. Souvent mes actes ressemblent à de la provocation, mais c’est que je ne cerne toujours pas ce qui est choquant et ce qui ne l’est pas. Pour exemple regarde la petite black pas du tout avare de ses oeillades voluptueuses qui chante qu’elle veut du hot-sex toute la nuit et agite en gros plan ses deux volumineux seins fermes (elle a caché le téton rouge mais on voit tout le dodu !).. C’est sur Canal J, “J” mis pour “jeunesse”, la chaîne câble destinée à nos jeunes fondus de cartoons. Donc ça ce n’est pas choquant. Mais une autre femme demande aussi qu’on la regarde avec amour en baissant des yeux de larmes en des termes assez burinés pour être aux enfants un rêve d’aventure et aux vieux loups blancs un festin de routine, cachant son corps usé sous une aube noire et des mots couverts, tamisant les lumières avant de tomber la chemise, c’est mal et honteux et dégoûtant et choquant. Alors c’est la douleur qui choque ? Ou la maigreur, la vieillesse, le désir hors-saison, la non-conformité ? Pourquoi ma pudeur condamne et censure-t-elle certains plans visuels alors que je les apprécie d’oeil d’esthète lorsqu’ils sont décrits avec des mots ? La vulnérabilité d’un être est-elle dans son corps ou dans son âme ? La désirabilité d’une femme se résume-t-elle à la fermeté de ses seins ? Est-ce que les Autres font l’amour autrement que moi ? Je suis choquée de lire sur le panneau publicitaire juste en face de l’école primaire un appel à faire un don à telle fondation, illustré par un homme tout décharné à qui il manque des doigts. Je vois que des êtres humains sont laissés gravement à l’abandon et que les chefs d’état n’ont rien d’autre à foutre que de compter et recompter leurs stocks de missiles nucléaires et d’armes biologiques entre deux banquets, entre deux sessions de vacances sur les îles paradisiaques. C’est ça qui me choque. Par cette longue lettre d’amour à “un homme au hasard” je voulais dépasser l’embarras de la matière. Je me demande à présent si j’ai fait un acte d’amour ou un acte d’exhibitionnisme. Je ne dis pas qu’être lépreux c’est être exhibitionniste, je dis que les déformations que subit notre corps sous les effets du temps ou de la maladie pourraient être assimilés par nos mentalités comme le processus logique et inhérent à notre évolution, et pourtant ce phénomène aussi ancien que le premier homme reste source de surprise et même plus : perçu comme une irrégularité. J’ai couché avec des vieux et je ne m’étonnais pas que leur peau soit fanée et leur regard noyé. La tendresse offerte n’était pas directement proportionnelle à l’élasticité des tissus. Maintenant, si j’avais été un homme, est-ce que j’aurais pu bander sur une frangine ramollo ? Et est-ce que les lépreux ont une vie sexuelle ?J’ai laissé une exemplaire à Samia et Jérôme qui tiennent une librairie, deux numéros plus loin sur le Magenta. “L’île Lettrée”. Pas très heureux, ce jeu de mots. Personnellement je n’aurais pas risqué le coup, mais bon. Si je devais tenir une librairie, je serais bien embarrassée du choix de son intitulé pour le registre du commerce. Samia vient d’accoucher de son troisième enfant. Au sous-sol de la librairie, une pièce où l’on peut assister à des séances de lecture, déclamations de poésie, concerts de clavecin... Même le pote poète Aragon, ça le rend bien perplexe entre deux cuites :Est-ce ainsi que les hommes vivent ? / Et leurs baisers au loin les suivent... Mais jusqu’où les baisers vont-ils suivre les hommes ? Et jusqu’où vont les hommes, une fois qu’ils ont dépensés tous leurs baisers ? Pour toi, j’aurais voulu avoir du temps. Toute la vacuité du monde pour t’approcher, te séduire, t’espérer, me croire perdue si tu t’éloignes et voir bleuir le ciel quand tu te rapproches, sentir couler mon sang lorsque tu me parles, rougir si tu me regardes. J’aurais voulu creuser avec toi les galeries par lesquelles on s’évade, faire avec toi tout le chemin souterrain qui mène à l’air libre. Je voulais m’offrir à toi comme un matériau sensible, pour amuser ton ventre, pour distraire tes mains, pour faire lever tes paupières sur un tableau inédit, pour donner à tes yeux le récit d’une histoire brève où passent des étrangers en costume folklorique. Je voulais découvrir ton rythme, et la façon dont tu pratiques les interdits. J’aurais observé la forme de tes bras, le chemin de tes veines, longuement, passionnément, avec l’humilité et l’acuité d’une étudiante. Je voulais épier tes secrets et t’arracher l’aveu de tes métamorphoses jekylliennes. Je voulais éprouver ta résistance, je voulais sombrer sous tes yeux dans la folie sénile et compter le nombre de pierres que tu me jettes pour achever de me rendre muette.Je voulais ta permission et ton secours pour oblitérer avec toi une période si douloureuse et si stérile qu’elle me rappelle que des innocents sont enfermés avec ces monstres qui n’ont pas l’ombre d’un scrupule, pas un carat de joliesse intime, et que ceux-ci et ceux-là subissent la torture pareil. Je voulais rappeler à ta mémoire que tous ces mots existent, et qu’un assemblage correct de ces mots nous permet de nous exprimer face à autrui, ou raconter un rêve, ou revendiquer un droit, réciter une table de multiplication, et quelquefois donner un ordre, ou refuser d’obtempérer. Poser une question, demander son chemin, dire le chapelet. Appeler, souffler, murmurer, hurler, dialoguer, monologuer, soliloquer, bénir, déclamer, décliner, psalmodier, vociférer... voici un peu de ce que nos mots permettent s’ils sont assemblés correctement.Qu’est-ce que j’ai eu en échange de ce joli poème de nonante pages, “arc-en-ciel radio” ? Je n’ai même pas eu sa queue dans mon ventre, pas même une seule fois, même pas ; je suis devenue vieille pour toute ma vie, et... j’ai pris du poids, cauchemar des cauchemars ! Sept horribles kilos depuis le samedi deux  mars 02, parce que ce jour-là j’ai rencontré la fille qui n’était surtout pas moi, celle que JPB avait choisi de désigner dans le monde pour sa “nouvelle petite amie”, une ravissante de vingt ans avec une bouche d’héroïne de bandes dessinées : une bouche parfaite de petite menteuse. Un nez parfait de nymphe grecque, des yeux parfaits de pharaonne, un corps parfait de fleur de pomme. Je n’ai pas eu le temps de voir ses mains, les deux colombes claires et baguées que les jeunes filles aiment à porter, légères et libres, au bout de leurs bras blancs et fluides, et légers aussi.Mais voilà ça y est, moi je suis défigurée corps et âme. Depuis trente-cinq ans je me suis privée de tous les partages pour garder une forme de silhouette plus ou moins standard. J’en ai perdu mes dents et l’envie de vivre. J’en ai oublié de me faire inscrire sur le registre des êtres humains qui ont des droits comme les autres. J’en ai oublié de coûter de l’argent à mes parents, à mes amis, à mes amants. Toi tu es beau comme tu es, mou, solide, informe, colossal, blanc et gris, gris et bleu, noir et argent, oiseau de proie en équilibre sur le casque d’un buffle, corne dure en forme de joug, peinture rupestre familière comme sur les livres de classe, patrimoine humain jalousé et imprenable, occupant éphémère et familier de tout cet espace, présence dont un seul cheveu est un pesant de cuivre, dont un seul nerf est un pesant de sève, dont une seule main est un pays. Sauf dispense spéciale je ne me permettrais pas de me présenter à toi dans l’état où je me suis mis. Il faut que je fasse le régime soleil/mer/évangiles avant de pouvoir imaginer me mettre à poil devant un bonhomme. Ca va aller. Grâce à Marc-Louis, surveillant dans une cour d’école où les marmots sont des écrivains, des peintres, des artistes, de qui la maîtresse est en congé-maternité et qui se languissent d’elle, j’ai su que je pouvais partir tranquille, pendant aussi longtemps que nécessaire, et retrouver exactement les mêmes cancres à mon retour. Ce n’est même plus la peine de revenir. Et l’on se passera de moi, qui ressemble à présent à une vieille mémère qui se défonce à l’eau de Javel et n’a même pas de sous pour aller chez le coiffeur, et qui va cuver son chagrin sous la paille dans l’écurie en guettant la cloche de l’Angélus, en attendant le rassemblement vespéral pour la prière déshydratée sous vide en sachet familial. Pas décorative avec sa “bosse de la défaite”. Une vaincue, qu’on ne saurait voir traîner dans les parages. Persona non grata.Et grâce à toi aussi. à la lumière de ta charité discrète je pouvais recommencer à apprécier la douceur de mon sort contre celui des gens qu’on torture, à me souvenir que j’avais eu compris, l’espace d’un instant, mais à plusieurs reprises, si souvent, si souvent... combien notre vie est sans aucune importance, et à quel point ce que l’on vit doit rester une offrande, une action de grâce, une farandole. Une inter/rogation.Et c’est ce que j’oublie à chaque fois qu’il est question de me prendre une queue dans le ventre. Acculée à la masturbation pour calmer le malaise de la bête à gueule rose qui bave à la jonction de mes jambes, je redeviens souple et piteuse, je me souviens, par ces mains au bout de mes bras, que je suis valide et que j’ai un peu plus de cinq millénaires pour t’approcher, t’apprivoiser, te conquérir, me faire aimer de toi, plus quelques secondes pour offrir à ta fantaisie créatrice mon corps rénové par vingt siècles passés en terre d’Atlantide, vingt siècles dédiés à me gaver de soleil, de mer, d’étude et de prières. Que ton ventre s’amuse d’un peu d’exclusivité, et que tu te distraies de ta sobre routine douillette en souillant de ta semence et de ta bonne foi des supports restés en friche depuis les derniers bulldozers. En toute gratuité, Mylord. C’est moi qui régale, c’est ma tournée. 


 


 
 
 
 

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