certificat de conformité obtenu le dimanche 13 juillet 2008

cash 08 philippe 'zen papa' ; claude bel

Saint Cloud 10 août 2002Philippe, Je vous remercie de vous être déplacé jusqu’à moi pour me rencontrer.Je me sens après votre départ comme quelqu’un qui a complètement foiré son entretien d’embauche et qui n’attend plus que le lendemain pour savoir s’il a rêvé ou non.Pas grand’chose à ajouter ni à changer sur ce qui a été dit. Sauf peut être que, oui, bien sûr, je compte écrire pour suite à “arc-en-ciel radio” un “Tropical Radeau”, le canot pneumatique en dur.Mais avant de pouvoir l’écrire il me faut vivre l’aventure ; c’est déjà commencé. Pas la peine d’aller plus vite que les violons. Tout ce que je sais c’est que cette faune littéraire, radiophonique, télémédiatique, cinémachin et autre climat underground ce n’est pas bon pour moi. Je m’en suis tenue loin jusqu’à présent, loin du tourbillon géant où les gens se donnent des accolades de virile amitié, puis s’entredéchirent pour continuer à vivre, et n’ont plus les uns pour les autres que rancoeur et dégoût. Le struggle for life en région parisienne n’est pas de ma juridiction. J’aime Paris. C’est là que je suis née, que j’ai passé mon enfance et quelques autres épisodes de mon épopée sans gloire. Mais entre la poursuite du leurre que sont l’amour et/ou une hypothétique petite notoriété locale et volatile, et l’espoir de terminer ma vie sans plus jamais avoir à mettre de chaussures, je choisis la deuxième option. Il me reste vingt, trente, quarante ans à vivre. C’est lourd, interminable... mais j’ai déjà presque cinquante ans : Haut les coeurs ! le plus gros est déjà fait. Je ne me laisserai pas piéger ici. Je serai clochard sur un port des Antilles, où le rhum est pour rien et servi en flacon de verre, s’il-vous-plaît. En supplément, les bateaux de croisière, magiques et magnifiques lorsqu’on les voit à quai, rayonnant de l’insolence des riches voyageurs du bout du monde. Lorsqu’ils sont partis, on jurerait avoir vu Jésus marcher sur l’eau, et l’on fait, le ventre vide, des rêves de festins célestes et de pêches miraculeuses. Clochard à Paris, c’est du prèf en bouteille plastique, c’est baîller d’ennui devant des péniches humides comme des limaces, nimbées, pour les plus hardies d’entre elles, de la brumeuse monotonie des canaux de Hollande. Et rêver qu’on est de la Cloche aux Antilles. Donc y’a pas photo. C’est ma façon maladroite de vous dire que je ne peux envisager de rester à Paris le temps qu’il faudrait pour négocier mon manuscrit auprès des right persons (étant admis que je l’ai dispatché aux wrong numbers et que je n’ai donc pas eu de résultat). Mais j’espère qu’il vous amusera, et qu’il me vaudra la sympathie virtuelle de votre ami Hervé. Un plein chapeau de fric, palsambleu, aurait pourtant bien fait mon affaire... Allez, j’arrête de me prendre le chou : on ne peut pas être partout.Lakma 6Saint Cloud 22 août 2002Cher ClaudeJ’avais rencontré Elie Delamare de Boutteville au Cercle des Poètes de JPB, pour te situer dans le temps c’était à l’époque où la petite fiancée dudit lascar s’appelait Eliza. Il (Elie) avait écrit son adresse et son téléphone sur mon cahier de feuilles Zig-zag (car je roule mes cigarettes, comme en Hollande). Un zigue m’a fauché mon cahier de feuilles à rouler, sans penser à mal, mais je n’avais plus l’adresse de Elie. Or hier nuit je l’ai entendu lire un poème à la radio, c’était p’têt ben même sur vot’ station 95.2. Et j’ai fait vit’eff ta uve (vite fait t’as vu) un poème pour lui et je te demande de le lire à l’antenne des fois qu’il écoute juste à ce moment là. Si tu le lis précise bien s’il te plaît qu’il s’agit de la visite du Musée des Anges Non-Répertoriés et que cette visite lui est dédiée. Mais, ne lis pas cette lettre à l’antenne, qui t’est adressée à titre comme qui dirait confidentiel, mon mari (ciel mon mari, humour caustique).Sinon, pour les nouvelles du front, j’ai passé trois mois aux Antilles avec ma fille, on attendait des sous pour acheter un bateau (je voudrais faire une ligne de navette-bateau au nord de l’île car il n’y a pas de route carrossable et tout le monde n’a pas un 4x4). Et bon, une erreur d’interprétation du code civil (ou pénal, enfin c’est l’un des deux) de la part des “gens de loi” nous a mis marron de plusieurs mois, et méga-bad trip que j’ai dû rentrer ici en métropole (sans ma fille !) mais cette fois c’en est trop, j’attaque (Aaaaa‑ttaquez !!!) pour préjudice moral et financier, tu vois le genre de plan à la gomme, minable et inter-minable surtout. Mais je veux être avec ma fille et je vais te faire speeder tout ça, font chier à force, non ?Mézigue (zag), : zombifiée de chez Zombie and C°, et pourtant sur le point d’échapper à la zombification puissance Z pour cause de Mamyfication (grand’mérisation) je passe mes journées à tricoter la layette, une paire de lunettes-loupes en équilibre sur le pif, et sur le sommet du crâne un chignon flou et hérissé d’épingles à cheveux, façon “Dame Tartine”, c’est une bande dessinée qu’on avait quand on était môme. Si tu ne l’as pas eu je te dis une autre grand’mère qui ressemble c’est celle qui a Titi dans le Cartoon “Titi et Gros-minet”.Là-bas il y a des gens à rencontrer, notamment des vieux routards qui ont fait de la prison. On s’amuse à faire notre loto comme ça : “Toi, t’en as tiré pour combien ?” “Sept ans”. On coche le sept. Etc... Pour varier le fun et réviser nos tables de multiplication on convertit quelquefois le nombre d’années en nombre de mois. Le jour où l’on rencontrera Perpète ça sera le quarante-neuf car on ne peut pas aller plus loin sur la grille, et pour marquer le coup on cochera aussi ‘participation au joker’.Bon, sinon la radio est drôlement bien et de plus en plus comme d’hab. Mille millions de mille sabords et toute cette sorte de chose pour toi Claude. Je n’ai toujours pas le téléphone mais je t’écoute sur les ondes. ' 

 

 


 
 
 
 

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