Ma révérence avait trouvé grâce aux yeux de JCG, car j'ai reçu à quelque temps de là une réponse, une lettre avec des encouragements.
Cher Jean-Claude Guillebaud,
Aujourd’hui lundi 21 octobre 2002.
14 heures 42 heure locale (Saint-Cloud, Hauts de Seine).
J’émerge d’un sommeil en trois tranches :
j’ai dormi dimanche de seize à vingt et une heures. J’ai vu un peu la reine Victoria sur Arte, et puis j’ai redormi jusqu’au matin.
J’ai pris une tasse de thé, et encore dormi jusqu’à quatorze heures trente.
J’étais partie avec ma fille (nommée Andréane dans le fameux manuscrit) à la fin du mois d’avril (2002) pour procéder à notre installation en Martinique ;
j’ai été obligée de rentrer à Saint-Cloud le trente et un juillet.
Elle était restée là-bas. J
e suis repartie pour être un mois avec elle.
Elle suivra sa quatrième anglais/espagnol au Collège de Trinité, Martinique, grâce à l’amitié que lui porte Michèle, qui s’occupe d’elle comme de sa propre enfant, en attendant que je mette mes affaires en ordre. (... !!! ...)
Un mois de courrier sous la porte. Parmi quelques tonnes de lettres qui me rappellent que je dois des sous à un peu tout le monde, la vôtre, légère comme une plume, consolatrice. Comme le “Z” que Zorro signe à la pointe de l’épée, incisant avec espièglerie et précision magistrale le placard “wanted” qui met sa tête à prix. Si “El Zorro” avait été “Il Gatopardo”, il n’aurait pas eu de chance avec son initiale (aux Nuntchakoos, peut être ?).
Ce manuscrit, cette ébauche, que vous avez la délicatesse de nommer “projet”... Je vous remercie d’éclairer de votre appréciation sans détour la naïveté de ma démarche. J’ai écrit pour conjurer la violence de ce fol engouement... J’ai souffert ce qu’il est convenu de souffrir lorsque l’on est un homme, ou une femme, mais au plus fort de mon aveuglement j’étais vexée que ce “Ô Toi mon Amour mon Unique” ne fût ni Noir, ni américain. En un mot, qu’il ne soit pas le joueur de blues qui aurait enfin révélé et épanoui mes talents pour la musique...
Je plaisante, pardonnez-moi.
Le manuscrit a intéressé beaucoup d’amis de mes enfants. On se l’arrachait ! J’ai eu la vanité de prendre ce brouillon pour un travail... “...mais sans technique, un don n’est rien qu’une sale manie”, chante Brassens.
Je dirais même plus : “Cent fois sur le métier remettons notre ouvrage...”, et les moutons seront bien gardés.
Il me tarde que dix ou vingt ans se soient écoulés, alors je reprendrai mon brouillon et j’en ferai un vrai livre, un livre qu’on aimera lire et relire et faire lire à ses amis, un livre qui inspirera aux fils spirituels de Wim Wenders des films dans lesquels on peut construire sa propre maison, un livre qui redonnera à l’amour son pouvoir originel. Un livre qui désarmera les haines et démantèlera les corruptions.
Je crois que René Barjavel avait déjà écrit ce livre “Le Grand Secret”.
Un bon sang de chouette de bouquin, comme aurait pu dire Holden Caufield dans “The Catcher in the Rye”.
Le pote B, vieux pote... C’est bien moi de m’allumer sur un psycho-mystico-fossilistique. J’vais vous l’envoyer passer quelques mois dans la léproserie du Père Ceyrac, pour lui remettre la tête entre les deux oreilles...
J’irai avec lui. ça m’apprendra l’organisation.
En attendant, j’écris. J’écrirai jusqu’à disparition complète des symptômes.
Tenez nous informés de vos travaux.
Sur « La Cinq » (télé) en ce moment il y a “Filles de Banlieue”
Cette fille Samira Bellil est carrément classe, et incroyablement belle avec son pif en bec d’aigle et ses grands yeux clairs. Son livre “Dans l’enfer des tournantes”. En 1987 elle s’est fait violer toute la nuit dans une cave. Elle raconte ça en presque 2003.. Y’a des filles qui sont drôlement organisées. Je vous salue fraternellement, j’ai eu de la chance d’avoir ce contact avec vous